Petite parenthèse artistique à la vie monacale que je mène en ce moment, je
me suis accordée une excursion hors des murs, et même deux, pour voir, et
revoir, entre d'autres murs, l'exposition "L'Ange du bizarre" au
Musée d'Orsay.
J'y ai trouvé tout ce que j'aime du 18° au 19° siècle, surtout de l'autre côté du Rhin et de la Manche, des
oeuvres connues et moins connues, découvert quelques pépites parmi d'autres
croûtes... du mythe en veux-tu en voilà, des histoires gothiques à foison, vanités et autres femmes fatales pour vous servir, un régal! Mais quid du romantisme noir?
L’exposition décline le romantisme noir en trois époques : le
temps de la naissance (1770-1850), le temps de l’affranchissement et
des mutations dans l’art symboliste (1860- 1900) et le temps de la
redécouverte dans l’art surréaliste (1920-1940).
Si j'ai salué la
scénographie irréprochable (sobre et sombre), le fil d'Ariane que trace
l'exposition à travers les siècles m'a parfois semblé décousu pour ne pas dire
dépourvu de cohérence par brefs moments... un côté un peu
"pot-pourri" qui n'est pas pour me déplaire - exceptée cette
troisième et dernière vague (1920-1940), dernière salle dans laquelle je me
suis très peu attardée. Peut-être est-ce seulement parce que je n'aime ni
Magritte ni Ernst, ou bien aussi car je trouvais cette perspective finale
résolument moderne (quoique à propos) un peu à côté de la plaque après tant
d'élans symbolistes et de précision goya-esque.
La part belle est également faite au 7° art, avec douze extraits de films qui hantent le parcours du visiteur au gré de ses pérégrinations (là encore la scénographie est bien pensée avec des écrans "double face" - vous n'échapperez pas aux figures terrifiantes de Nosferatu, Dracula, Frankenstein, Rebecca, ou Faust). De "l'horreur délicieuse" de bout en bout, comme la décrivait Burke, du rire à l'effroi.
Vous avez jusqu'au 23 juin pour aller apprécier à sa juste valeur la luminosité du Nocturne au parc royal de Bruxelles de William Degouve de Nuncques et autres merveilles dont les reproductions peinent malheureusement à rendre la beauté. En
attendant je vous invite à lire cet article très documenté de La Tribune de l'Art!
Eugène Samuel Grasset, Trois Femmes et trois loups, vers 1892
Crayon, aquarelle, encre de chine et rehauts d’or